C’est durant l’enfance que s’acquiert le goût. Très tôt, le tout petit découvre le monde fabuleux des saveurs. Vers l’âge de 4 ans, jusqu’à ses 11 ans, l’enfant explore une alimentation qui, bien que ressemblant à celle des plus grands, se savoure à son rythme et selon ses besoins.
Collaboration : Lavanya Sunassy-Pather, diététicienne
La maturation physique
Après un développement très rapide de 0 à 3 ans, la croissance ralentit à partir de 6 ans, jusqu’à 12 ans. C’est ce qu’on appelle la période de latence. Cela dit, l’organisme est en constante évolution et on assiste à de nouvelles étapes de la maturation physique.
Taille, poids, capacités… le corps de l’enfant change. Morphologiquement, il se transforme et passe des proportions de la petite enfance aux proportions qui se rapprochent le plus de celles de l’adulte. Les os sont aussi plus gros et plus durs.
C’est en général à ce moment que se déroule la perte des dents de lait, tandis que les premières dents permanentes font leur apparition. Une alimentation équilibrée est donc indispensable pour assurer la bonne croissance des os et des dents. Par ailleurs, les enfants dépensent beaucoup d’énergie et ont donc besoin d’une alimentation bien structurée pour éviter les carences.
La routine alimentaire
Un enfant a besoin de trois repas principaux : le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner. Il a aussi besoin de deux collations. Celles-ci sont parti-
culièrement importantes parce qu’un enfant ne peut pas forcément manger en grandes quantités durant les repas, donc les collations vont assurer l’apport adéquat en calcium, fer, vitamines et minéraux.
En général, son alimentation se compose de féculents (riz, pain, pâtes…), de sources de protéines (poulet, poisson, œuf, grains secs), de légumes (variés et de toutes les couleurs), de fruits, mais aussi de produits laitiers.
Bien manger, pourquoi ?
En pleine croissance, l’enfant doit puiser son énergie de son alimentation, notamment des féculents. Les protéines servent à la croissance et à la réparation des cellules, les matières grasses (lait, beurre, fromage, huile d’olive, noix) aident au bon développement du cerveau, le calcium assure le développement des os, le fer permet de prévenir les anémies…
En tant que parent, on a envie de ce qu’il y a de mieux, mais dans la vraie vie, on sait combien c’est difficile de faire manger les enfants. Il y a les « Beurk! », les « Non, c’est vert ! », « La calebasse... jamais ! », « Ça sent pas bon ! », « C’est trop mou... » Bref, les bonnes résolutions peuvent vite en prendre un coup. Le moral des cuis-
tots aussi !
Petits conseils réalistes :
Les enfants savent réguler leur appétit. Ne les forcez pas.
Continuer à leur proposer une alimentation équilibrée mais déculpabilisez si la texture, l’odeur, le goût le gênent. Vous pouvez essayer de comprendre les raisons du refus et vous adapter. Les couleurs, les formes, les jeux, ça aide... Et (si le cuistot a encore la foi), faites-le participer : couper les légumes, mélanger la pâte, casser les œufs : il aura plus envie de gouter si « c’est moi qui l’a fait! »
Ne négociez pas ! Vous allez perdre... Vous leur donnez un biscuit, ils veulent le paquet, plus une tablette de chocolat ! Plus sérieusement, tentez de ne pas utiliser la nourriture comme moyen de pression. « Si tu manges tes légumes, tu auras un chocolat / Si tu ne manges pas, tu seras puni ! ». Plus facile à dire qu’à faire... On ne jettera pas la pierre ! On a tous eu ce moment de désespoir face à son enfant assis depuis 1h devant des brocolis. Il faut juste être conscient qu’à la longue, cela affecte son rapport à la nourriture. Il ne faut pas manger pour une récompense, mais parce qu’on a faim.
Des chips au petit déjeuner, des biscuits Panda à 10h, des gâteaux-piment à 14h37, des crêpes à 16h... Catastrophe ! Mais... on respire ! Vous ne pourrez pas empêcher vos enfants de grigno-
ter... Ce que vous pouvez faire, c’est leur préparer des goûters sains (on fait ça en gros le week-end pour toute la semaine, c’est plus simple) que vous leur proposez à 10h et en milieu d’après-midi. Après un yaourt, une pomme, des noix, un « poudinn may », des vermicelles au lait ou un « manioc diber », ils ne devraient plus avoir faim... ce qui diminuera les allers-retours devant le frigo.
Témoignage : Sandrine Nobin, maman de Charles, 6 ans
Charles a été allaité jusqu’à ses 3 ans. La diversification a été pour le moins difficile, car il préférait boire son lait. Puis, j’ai introduit des légumes et à la place du riz, du quinoa. L’introduction des protéines a été particulièrement complexe, car il n’a jamais vraiment aimé le poulet ou la viande. Aujourd’hui encore, c’est difficile de lui en faire manger. Chez nous, étant une famille de danseurs, nous essayons de privilégier une alimentation saine et équilibrée. Autant que possible, nous limitons les sucreries et discutons beaucoup des bienfaits d’une bonne alimentation. Charles participe même à la préparation des repas avec son papa et on mange en famille. Et puis, lorsqu’on est à table, tout le monde mange pareil. Comme je le dis souvent, nous ne sommes pas au restaurant, pas de menu, pas de choix, toute la famille mange la même chose et c’est comme cela qu’on mange aussi plus sainement.
Enfant et legumes = Mauvais ménage ?
Même s’ils sont de plus en plus nombreux à accepter les légumes, ces derniers restent pourtant les mal-aimés de l’assiette. Tout ce qui est vert a la réputation d’être moins appétissant et ces légumes sont vite mis de côté. Pour encourager les enfants, il faudrait justement ne pas mettre l’accent sur les légumes. « Termine tes légumes, il faut manger tes légumes, les légumes sont importants… » Stop au stress !
On introduit les légumes petit à petit, on rajoute un peu de fromage, de beurre ou d’assaisonnement, on fait des gratins, des soupes ou des omelettes, on laisse l’enfant explorer.