Au jardin, au potager plus exactement, elles peuvent se rendre service, se protéger, s’aider mutuellement à bien grandir. Ce sont les plantes compagnes ou amies qui associées à d’autres plantes, contribuent à un meilleur environnement végétal. Encore faut-il faire les bonnes associations. Margot Roux, agronome au Vélo Vert, a répondu à nos questions.
La technique du compagnonnage au jardin (ou associations de plantes) est particulièrement utilisée dans la culture biologique et dans les potagers en permaculture… Pourquoi ?
Associer des plantes, c’est leur fournir un environnement diversifié et avoir des plantes en meilleure santé naturellement. Mais surtout, la diversité permet de réduire les risques de maladies et de ravageurs. En fait, cette pratique copie la nature, un écosystème riche et diversifié, ce qui permet un équilibre de la faune et de la flore. Par exemple, lorsque la population d’un insecte augmente, alors ses prédateurs se multiplient aussi et ainsi la chaîne alimentaire s’ajuste et il n’y a pas de grand ravage. C’est lorsque l’on simplifie les cultures sur de grandes surfaces, comme dans l’agriculture conventionnelle, que les ravageurs (insectes, virus, bactéries…) s’installent, et n’ayant pas de prédateurs dans les environs, continuent de se développer et affectent les rendements.
Quel est le principe des associations de plantes ?
Il s’agit de mélanger différents types de plantes sur une zone de cultures. Il peut s’agir soit de plusieurs cultures mélangées, ou alors d’une culture principale et de « plantes de service », dont le but principal n’est pas la récolte mais surtout la protection de la culture principale.
Il y a différentes méthodes possibles pour l’association de plantes. Une première consiste à alterner des bandes de cultures de différents types de légumes. Une autre consiste à faire un carré d’une culture principale, comme des courges par exemple, entourée en bordure par une plante de service comme le maïs. Une technique intéressante est aussi de mélanger plusieurs cultures et plantes de service en « vrac », sur un même espace. Plus la zone est diversifiée et plus les bioagresseurs (ravageurs) seront distraits et les populations seront contrôlées naturellement.
En général, il y a certaines familles de légumes qui s’associent parfaitement entre elles…
Il n’existe pas d’association parfaite, mais il y a quelques principes faciles à suivre. Par exemple on associe des cultures de familles différentes. Les légumes d’une même famille (par exemple des giraumons et des pâtissons, tous deux de la famille des cucurbitacées) attirent souvent des ravageurs similaires. Donc en les associant, le risque d’attaque est élevé. Les familles des légumes sont très simples à trouver, dans des livres ou sur internet.
Il est en général recommandé aussi de mélanger des cultures dont la partie consommée diffère. Par exemple on évite de mettre plusieurs cultures « racines » ensemble, comme des carottes, des radis et des pommes de terre. On va plutôt mélanger des légumes « feuilles » (brèdes), à des légumes « fruits » (piments) et des légumes « racines ».
Concrètement, quelles sont les associations favorables au potager ?
Il est par exemple possible d’associer des laitues à des oignons, ou encore des bringelles avec du basilic. De façon plus générale, il est recommandé de mettre du maïs autour des légumes à risque avec la mouche des fruits, comme les courges. Il est aussi recommandé d’associer des fabacées (légumineuses : pois, haricots…) à d’autres cultures, telles que le manioc par exemple, car elles vont permettre d’enrichir le sol.
Quelles sont les associations défavorables ?
Au-delà des principes énoncés précédemment, il existe d’autres associations qui ne sont généralement pas recommandées. Par exemple les laitues n’apprécient pas l’association avec du persil. Et les légumes de la famille des fabacées (légumineuses), tels que les pois et haricots, ne s’associent pas avec ceux de la famille des liliacées (cive, poireau, ail, oignon, échalotte…). Les choux et les courgettes ne font pas non plus bon ménage.
Quels sont vos conseils pour réussir les associations de culture au potager ?
Une des clés de la réussite en agroécologie est l’expérimentation. Chacun cultive dans des conditions qui lui sont propres : le terrain, les variétés de légumes, les conditions météorologiques… Il est donc important, en plus de se renseigner sur les bonnes pratiques, de les tester chez soi, afin de trouver, petit à petit, les associations qui fonctionnent le mieux chez soi. Mais on vous donne une petite astuce : commencez par mélanger des plantes aromatiques aux plantes potagères, c’est simple et ça fonctionne assez bien en général.